Django Celebration : la tradition en partage, la virtuosité en héritage.
La collection Django Celebration célèbre l’héritage de Django Reinhardt à travers une série de rencontres intergénérationnelles.
Cette rencontre entre Tchavolo Schmitt et Fanou Torracinta ne doit rien au hasard. Tout jeune guitariste, Fanou a partagé une tournée d’été avec Tchavolo déterminante pour la suite de son parcours. 13 ans plus tard, Fanou s’est forgé une solide expérience scénique enrichie d’albums sous son nom. Tchavolo, de son côté, par son style caractéristique, alliant puissance rythmique et audace harmonique, demeure une référence dans l’univers du jazz manouche.
Les deux hommes partagent un goût prononcé pour la valse et les belles mélodies, conformément à leur ancrage (culture manouche pour l’un, tradition corse pour l’autre). Les deux artistes s’affichent également comme de véritables explorateurs des ressources purement acoustiques de l’instrument (attaques, timbres, résonances...). Cette dimension apparaît notamment dans les introductions à la guitare seule ou les cadences de l’un ou de l’autre (Danse Norvégienne, Love Me Tender…), illustrant cette quête de la sonorité, dont Django Reinhardt fut lui-même l’initiateur, cultivant en passant l’art du prélude et celui de la coda.
On retrouve dans le programme : des classiques de Django (Daphné, Stompin’ at Decca...), des relectures de standards (Confessin’, I Can’t Give You Anything but Love, Stardust…), auxquelles s’ajoutent deux ballades, issues pour l’une du répertoire classique (la Danse norvégienne de Grieg) et pour l’autre de la grande chanson américaine (le Love Me Tender d’Elvis Presley). Pépite !
Tchavolo et Fanou, à l’instar de leur maître, privilégient un art de l’échange et de la complicité, pleinement illustré par leur version de Daphné ou I Can’t Give You Anything but Love.
Né en 1954 à Paris, Tchavolo Schmitt commence l'apprentissage de la musique à l’âge de six ans, dans le contexte familial, auprès d’un père violoniste et d’une mère qui l’initie à la guitare. Très jeune, il commence à jouer en public dans les cafés de la porte de Montreuil ou à la Chope des Puces de la porte de Clignancourt. À l’âge de onze ans, il quitte la capitale pour rejoindre sa famille à Strasbourg.
Au début des années 70, il se produit avec son frère Gogo et ses cousins Mandino Reinhardt, Sony Reinhardt, Hono Winterstein et Dorado Schmitt.
En 1979, à l’occasion d’un festival de musiques tsiganes à Darmstadt, il rencontre le violoniste Wedeli Köhler, qui lui propose d’intégrer le Hot Club Da Sinti. Deux ans plus tard, ils enregistrent l’album Wonderful. Tchavolo Schmitt acquiert alors une réputation de grande virtuosité doublée d’une belle sensibilité, qui marquera notamment Babik Reinhardt, le fils de Django.
Sa sonorité puissante, son attaque vigoureuse, son swing et son aisance sur les tempos rapides participent de l’éclat d’un style joué avec un grand naturel et une joie communicative.
Unanimement respecté dans la communauté manouche, Tchavolo obtiendra la reconnaissance d’un plus large public dans le courant des années 90 et 2000, grâce notamment au cinéaste Tony Gatlif, en apparaissant dans le film Latcho Drom (1993), qui raconte l’épopée des musiques tsiganes, suivi de Swing (2002), dont Tchavolo interprète le rôle principal.
Parallèlement, il enregistre en 1997 l’album Gypsy Reunion (Swing 93), en compagnie de Patrick Saussois et Dorado Schmitt, puis Alors… Voilà ! en 2000, premier véritable album sous son nom, produit par Romane. Sa carrière prend par la suite une envergure nouvelle, jalonnée de nombreuses collaborations (Angelo Debarre, Costel Nitescu…). Il est accueilli comme l’un des plus talentueux héritiers de Django Reinhardt, en France et à l’international (Japon, Cuba, Dubaï…).
Originaire de l’Île de beauté, Fanou Torracinta est un guitariste âgé aujourd’hui d’une trentaine d’années. Dès son plus jeune âge, il se confronte aux meilleurs musiciens manouches, souvent de passage en Corse pour jouer dans les festivals d’été. Il s’imprègne de leurs jeux avec ferveur, découvre les sonorités captivantes de la musique de Django Reinhardt et rêve de les imiter.
En 2012, il effectue une tournée avec Tchavolo Schmitt, véritable légende du style manouche. Cette expérience va s’avérer déterminante dans son parcours.
Âgé de dix-sept ans, il crée en compagnie du chanteur corse Arnaud Giacomoni, du contrebassiste William Brunard et du violoniste Bastien Ribot le Corsican Trio/Quartet, qui se produira sur des scènes prestigieuses (Jazz in Marciac, Nuits de la guitare de Patrimonio...).
Évoluant ensuite dans le milieu parisien, il forme un nouveau groupe en 2019, avec William Brunard et Benji Winterstein à la guitare d’accompagnement, bientôt rejoints par le pianiste Bastien Brison, avec lesquels il développe un répertoire personnel faisant le lien entre ses influences corses et manouches (Gipsy Guitar from Corsica Vol. 1 en 2021, suivi d’un Vol. 2 en 2023).
En 2023, Fanou est l’un des invités de Django in June, le rendez-vous annuel des amateurs de gipsy jazz sur la côte est des États-Unis, et participe au projet Generation Django dirigé par Édouard Pennes, en compagnie du guitariste Sébastien Giniaux et du clarinettiste américain Giacomo Smith.
Habitué des festivals à travers l’Europe (France, Belgique, Italie, Espagne), doté d’une indéniable originalité due notamment à son ancrage méditerranéen, Fanou s’est imposé en quelques années comme une nouvelle étoile de première grandeur dans l’univers du gipsy jazz.
Après des études classiques de piano, puis de violoncelle, William Brunard se tourne vers la guitare en accompagnant des artistes comme Tchavolo Schmitt. En 2009, il se met à travailler la contrebasse, qui va devenir son instrument de prédilection et lui ouvrira les portes des plus grandes scènes, aux côtés de musiciens comme Patrick Saussois, Christian Escoudé, Noé Reinhardt, Steeve Laffont, Gwen Cahue, Fanou Torracinta... Aujourd’hui, William Brunard s’impose comme « le contrebassiste des stars » de la guitare manouche, puisqu’il est devenu le partenaire régulier de trois de ses plus illustres représentants : Biréli Lagrène, Stochelo Rosenberg et Angelo Debarre. Il s’illustre également au violoncelle (Cello Project, Label Ouest, 2025).