Samy Daussat revisite les grands standards des années yéyé.
La musique rock, twist, yéyé exploitée par les musiciens manouches. une idée originale !
En revendiquant sans complexe ce répertoire « yé-yé » peuplé de tubes, Samy fait travailler l'imaginaire, fouillant les recoins de nos mémoires, frappant au bon endroit.
Bien qu'il ne dédaigne pas décocher ici et là quelques flèches guitaristiques particulièrement affûtées, le leader distribue généreusement les cartes, apprêtant les couleurs (guitares, flûte, saxophone, contrebasse, batterie…), osant l'insolite et l'évidence , permettant à chacun de donner de la voix.
Sur cet album, Samy invite l'immense Tchavolo Schmitt, qui plus qu'un simple invité, se révèle ici un véritable partenaire. Le manouche et le rock'n'roll… Qui l'eût cru ?
En pimentant sa musique, Samy Daussat est parvenu à lui donner une saveur inédite, et cette « nouvelle vague » – n'en déplaise à ses plus irréductibles réfractaires – affiche décidément une bien belle tenue.

Ce qui distingue Samy Daussat de la plupart de ses confrères guitaristes, ce sont tout d'abord ses éminentes qualités d'accompagnateur. Un art difficile, dont il a patiemment acquis la maîtrise en faisant ses armes auprès des plus grandes figures du style manouche (successivement : Moreno, Patrick Saussois, Raphaël Faÿs, Babik Reinhardt et Tchavolo Schmitt), et un atout majeur dans une musique où, comme il le précise, « on ne peut pas comprendre le rôle de la guitare soliste si l'on n'a pas bien saisi de l'intérieur le travail de la section rythmique ». Après avoir fait minutieusement le tour de la question, Samy prend son envol en tant que soliste au début des années 2000, au sein d'un trio formé avec David et Noé Reinhardt, avant de s'imposer comme leader et compositeur à travers trois albums publiés sous son nom : La Petite Famille (2009), In Time (2011) et Nouvelle Vague (2013), tous chez Label Ouest.
Vingt ans plus tard, la solidité de ce parcours, amorcé dès le plus jeune âge, confère à l'artiste un aplomb, une sûreté de goût, une virtuosité et une qualité naturelle de l'expression que beaucoup lui envient, qui s'illustrent notamment à travers ses participations au projet Reinhardt Memories, avec Noé Reinhardt et Katia Schiavone (Label Ouest, 2021), au quartet de David Gastine, en tant que soliste invité (From Either Side, Label Ouest 2022), et au projet « Swing » du OFF de l'Orchestre de Paris, avec lequel il se produit depuis plusieurs années.

Né en 1954 à Paris, Tchavolo Schmitt commence l'apprentissage de la musique à l’âge de six ans, dans le contexte familial, auprès d’un père violoniste et d’une mère qui l’initie à la guitare. Très jeune, il commence à jouer en public dans les cafés de la porte de Montreuil ou à la Chope des Puces de la porte de Clignancourt. À l’âge de onze ans, il quitte la capitale pour rejoindre sa famille à Strasbourg.
Au début des années 70, il se produit avec son frère Gogo et ses cousins Mandino Reinhardt, Sony Reinhardt, Hono Winterstein et Dorado Schmitt.
En 1979, à l’occasion d’un festival de musiques tsiganes à Darmstadt, il rencontre le violoniste Wedeli Köhler, qui lui propose d’intégrer le Hot Club Da Sinti. Deux ans plus tard, ils enregistrent l’album Wonderful. Tchavolo Schmitt acquiert alors une réputation de grande virtuosité doublée d’une belle sensibilité, qui marquera notamment Babik Reinhardt, le fils de Django.
Sa sonorité puissante, son attaque vigoureuse, son swing et son aisance sur les tempos rapides participent de l’éclat d’un style joué avec un grand naturel et une joie communicative.
Unanimement respecté dans la communauté manouche, Tchavolo obtiendra la reconnaissance d’un plus large public dans le courant des années 90 et 2000, grâce notamment au cinéaste Tony Gatlif, en apparaissant dans le film Latcho Drom (1993), qui raconte l’épopée des musiques tsiganes, suivi de Swing (2002), dont Tchavolo interprète le rôle principal.
Parallèlement, il enregistre en 1997 l’album Gypsy Reunion (Swing 93), en compagnie de Patrick Saussois et Dorado Schmitt, puis Alors… Voilà ! en 2000, premier véritable album sous son nom, produit par Romane. Sa carrière prend par la suite une envergure nouvelle, jalonnée de nombreuses collaborations (Angelo Debarre, Costel Nitescu…). Il est accueilli comme l’un des plus talentueux héritiers de Django Reinhardt, en France et à l’international (Japon, Cuba, Dubaï…).