Une rencontre inédite entre accordéon et orgue !
Figure incontournable du jazz manouche, Marcel Loeffler propose un voyage où l'accordéon dialogue avec l'orgue et la batterie dans une formule rare, mêlant lyrisme, groove et improvisation dans une alchimie sonore singulière.
Il y a entre l'orgue et l'accordéon plus d'une affinité (l'accordéon n'est-il pas une sorte d'orgue à soufflet ?), que Richard Galliano et Eddy Louiss avaient déjà bien perçu (album Face to Face, 2002).
Mais c'est à un véritable trio (accordéon/orgue/batterie) que fait appel l'accordéoniste Marcel Loeffler pour cette Balade en émotions, qui, lorsque le saxophoniste Franck Wolf se joint à eux, ressemble à s'y méprendre au quartet de Biréli Lagrène (celui de Mouvements, 2012). Autant dire qu'on a affaire ici à la fine fleur du jazz, au service d'un répertoire soigneusement mitonné : une bonne moitié d'originaux, signés par Marcel ou ses partenaires, auxquels s'ajoutent une brochette de standards triés sur le volet (Horace Silver, Dizzy Gillespie, Frank Foster, Stevie Wonder...).
Dotée, quels que soient les styles abordés, d'une élégance et d'un lyrisme rares, la musique de l'accordéoniste balaie large et fait mouche, à l'image de ce petit bijou offert comme une surprise en fin d'album avec le pianiste Jean-Philippe Rykiel (A Remark You Made, de Joe Zawinul).

Marcel Loeffler est né à Haguenau au sein de la communauté manouche, dans une famille de musiciens. Bien qu’ayant perdu la vue à l’âge de 5 ans, le petit Marcel se retrouve avec un accordéon dans les mains alors qu’il n’a que 6 ans. Quatre ans plus tard, il commence à accompagner son père dans les bals de campagne avec l’un de ses frères à la batterie. A la fin de l’adolescence, il délaisse un temps l’accordéon au profit d’une basse électrique. Engagé au sein d’un orchestre, il découvre et apprend les standards du jazz. Dans les années 80, il s’intéresse aux synthétiseurs et joue au sein de divers groupes de rock ou de variétés. Ces quinze ans « de baloche » furent une solide école, lui permettant d’être à l’aise dans tous les styles.
Il faut attendre 1996 pour qu’il enregistre « Vago », son premier disque en leader, sur lequel il signe la plupart des compositions et laisse exploser ses multiples talents. Sideman très recherché, il multiplie rencontres et expériences : avec les guitaristes Wawau Adler (albums « Roots » en 2006 et 2007), Tchavolo et Dorado Schmitt ; les accordéonistes Jean-Louis Matinier, Frédéric Schlick (« Nuances jazz » en 1996), René Sopa (qui l’invitera sur « Carinhos Tango », en 2008), Raul Barboza, Marcel Azzola ; les saxophoniste Franck Wolf et James Carter, le violoniste Costel Nitescu ou encore le bassiste Gilles Coquard qui l’invitera sur « Reïsa », disque sur lequel il côtoie Mino Cinelu et Bireli Lagrène… Musicien ouvert et curieux, Marcel aime Django et Viseur bien sûr, mais aussi Art Van Damme, Piazzolla, Bach, les grands jazzmen américains, avec une prédilection pour Miles Davis, Herbie Hancock, Chick Corea ou Joe Zawinul. Il affectionne également les musiques d’Europe centrale, celles d’Afrique ainsi que la chanson française. En 2013, il monte un big band avec le tromboniste et arrangeur strasbourgeois Pascal Beck et depuis 2016, il enseigne le jazz au Conservatoire de musique de Strasbourg. Styliste hors pair, Marcel se distingue par son phrasé aérien et limpide, conjuguant, élégance et lyrisme.