Le nouvel album de William Brunard, entre ”retour aux sources” et hommage à ses pairs, convoque le violoncelle swing !
Quelques-uns des plus fameux contrebassistes de l’histoire du jazz (Oscar Pettiford, Ray Brown, Sam Jones, Ron Carter, Dave Holland…) furent, à divers moments de leur carrière, des adeptes du violoncelle. Tout comme son illustre prédécesseur Ron Carter, William Brunard commença lui-même par cet instrument, qu’il étudia au Conservatoire, avant de se faire connaître comme contrebassiste. C’est donc à une forme de retour aux sources que nous convie l’artiste en proposant ce Cello Project.
Si nombre de ses collègues cultivent aujourd’hui volontiers le côté chambriste de l’instrument, William a tenu à inscrire son projet dans un contexte « swing ». Tout en partageant les soli avec Fanou Torracinta, expert de la six-cordes, il a pour ce faire convoqué une section rythmique appropriée : guitare (Benji Winterstein, parfois secondé par son père Popots), contrebasse (Alex Gilson), soutenues sur la moitié des titres par la batterie de Jonathan Gomis. Marquée par l’influence de Django Reinhardt (Blue Lou, Blues for Ike, Cauchemar…), la palette esthétique évolue ici « entre swing et bop », comme l’attestent les citations de Donna Lee dans Indiana ou le chorus de violoncelle sur Will Swing, démarcation de Cherokee. Pour autant, William ne se prive pas de faire appel à d’autres sources, non sans bonheur : Billy Strayhorn (Lotus Blossom), Nat King Cole (Aquellos Ojos Verdes)… Avec El Capuz de la Noche, qui évoque irrésistiblement les thèmes en mineur de la tradition manouche, c’est à son arrière-grand-père Lucien Cardinale, tromboniste, pianiste et chef d’orchestre – qui rêvait d’être violoncelliste –, que William rend doublement hommage, en reprenant une de ses mélodies et en réalisant le rêve de son aïeul.
Pour les initiés, William accorde son instrument en quartes, comme la contrebasse, à l’instar d’Oscar Pettiford, maître des soli en pizzicati, à qui il délivre un clin d’œil appuyé à travers We never see each other, interprété avec le seul soutien de la contrebasse et de la batterie. Cela ne l’empêche pas, en fin de parcours, de donner une version swing du Cygne de Saint-Saëns, pièce d’anthologie classiquement dévolue au violoncelle. « Cello » jusqu’au bout !

Après des études classiques de piano, puis de violoncelle, William Brunard se tourne vers la guitare en accompagnant des artistes comme Tchavolo Schmitt. En 2009, il se met à travailler la contrebasse, qui va devenir son instrument de prédilection et lui ouvrira les portes des plus grandes scènes, aux côtés de musiciens comme Patrick Saussois, Christian Escoudé, Noé Reinhardt, Steeve Laffont, Gwen Cahue, Fanou Torracinta... Aujourd’hui, William Brunard s’impose comme « le contrebassiste des stars » de la guitare manouche, puisqu’il est devenu le partenaire régulier de trois de ses plus illustres représentants : Biréli Lagrène, Stochelo Rosenberg et Angelo Debarre. Il s’illustre également au violoncelle (Cello Project, Label Ouest, 2025).