Quand la légende inspire l’avenir !
Django Celebration : l'héritage en partage, la virtuosité en héritage.
Né d'une initiative du contrebassiste William Brunard, qui en assure la direction artistique, le projet " Django Celebration " propose de célébrer l'héritage de Django Reinhardt à travers une série de rencontres intergénérationnelles entre une figure reconnue de cette musique et une figure montante ou une figure de la nouvelle génération. Pour ce faire, Label Ouest et le Sunset-Sunside, célèbre club de jazz parisien, s'associent, en invitant " la crème de la crème " de la guitare manouche, toutes générations confondues.
Les deux solistes qui inaugurent cette collection qui nous devrait nous mener jusqu'en 2028 (75e anniversaire de la disparition de Django) font l'unanimité parmi les aficionados de cette musique et au-delà. Stochelo Rosenberg fait partie depuis plusieurs décennies des deux ou trois personnalités majeures de la guitare manouche au plan international. Quant à Rocky Gresset, sa collaboration régulière avec Thomas Dutronc, sur scène et en studio, lui confère une très solide expérience, tout comme ses rencontres avec quelques pointures du jazz hexagonal (Louis Winsberg, Eric Legnini…). Les deux musiciens possèdent au plus haut point une qualité commune qui les réunit pour le meilleur : l'élégance. Élégance du jeu, du phrasé, de la sensibilité et de l'émotion, qui font l'objet, chez l'un comme l'autre, d'un suprême raffinement dans l'expression. Cette combinaison donne à leur musique un relief et un caractère tout à fait spécifique, quel que soit le répertoire abordé, standards, incontournables de Django ou compositions personnelles.

Stochelo Rosenberg, maître du genre gypsy jazz, se dresse comme un phare de talent musical et d'innovation. Né le 19 février 1968, il est principalement renommé en tant que guitariste, mais a également gagné de l'acclamation en tant que chef de groupe et éducateur, notamment à travers son rôle dans le célèbre Rosenberg Trio. Le parcours musical de Stochelo a commencé dans le monde vibrant de la culture Sinti, influençant profondément son style de jeu émouvant et son attachement aux riches traditions du gypsy jazz. Ses performances sont saluées pour leurs mélodies complexes et leurs rythmes rapides, créant une expérience auditive immersive. Ses contributions à la scène jazz en ont fait une figure clé, attirant à la fois les passionnés de jazz dévoués et les collectionneurs de vinyles qui chérissent le son unique qu'il apporte aux étagères de disques.
Grandissant dans une famille imprégnée de musique, la passion de Stochelo Rosenberg pour la guitare s'est enflammée à l'âge tendre de dix ans. Son héritage Sinti a imprégné ses années formatrices d'influences musicales riches, alors que les sons de la musique gipsy traditionnelle remplissaient sa maison d'enfance. L'influence des membres de sa famille jouant des instruments et partageant un amour pour la musique a éveillé une profonde appréciation culturelle en lui. Dès le début, il était entouré d'actes inspirants qui allaient façonner sa vision du monde et ses aspirations futures en musique. Les sons vibrants de son enfance ont non seulement posé les bases de sa carrière, mais ont également nourri son amour pour les disques vinyles, car ils sont devenus un moyen de se connecter à ses racines et de célébrer l'héritage du gypsy jazz.
Le style artistique de Stochelo Rosenberg est une belle amalgamation d'influences, notamment du légendaire Django Reinhardt, qui est sans doute le parrain du gypsy jazz. La technique redoutable de Rosenberg et son expertise en guitare jazz sont évidentes dans son improvisation fluide et ses progressions d'accords complexes, rappelant le style emblématique de Reinhardt. D'autres artistes comme Stéphane Grappelli ont également laissé une empreinte indélébile sur le son de Stochelo, en particulier lors de leurs collaborations dans les années 1990. Sa collection de vinyles reflète cette admiration, présentant des enregistrements essentiels de gypsy jazz qui inspirent son art. Ces sons influents ont façonné son approche de l'écriture de chansons et de la performance, faisant de Stochelo une voix respectée dans le monde des musiciens de jazz contemporains.
L'entrée de Stochelo dans l'industrie musicale était un récit classique de passion et de persévérance. Après avoir formé le Rosenberg Trio avec ses cousins en 1989, ils ont fait sensation dans la scène musicale en se produisant au festival annuel Django Reinhardt à Samois. Leurs concerts initiaux ont conduit à une reconnaissance significative, les propulsant dans des collaborations avec des artistes établis, y compris un concert historique avec Stéphane Grappelli au Carnegie Hall. La passion pour l'enregistrement est rapidement suivie, avec plusieurs sorties vinyles capturant l'essence du gypsy jazz. Bien qu'il ait été confronté à des défis pour obtenir une attention généralisée, le dévouement de Stochelo à perfectionner son art l'a vu surmonter les obstacles de l'industrie, aboutissant à des productions vinyles révolutionnaires qui enchanteraient les auditeurs du monde entier.
L'ascension de Stochelo Rosenberg vers la célébrité peut largement être attribuée au succès de son album Symphonic Django - The World Première Recording. Sorti en 2012, cet enregistrement mettait en avant sa virtuosité et l'excitation de fusionner jazz et orchestration. La sortie vinyle de cet album a été accueillie par des critiques élogieuses, célébrée pour son art et sa qualité de production. L'album a non seulement atteint des positions impressionnantes dans les classements, mais a également attiré une base de fans dédiée de collectionneurs de vinyles, le rendant très recherché parmi les passionnés. Cette réussite a ouvert la voie à de plus grandes tournées, une reconnaissance médiatique, et finalement une carrière florissante qui continue de mettre en lumière sa contribution au genre.
Les expériences personnelles de Stochelo, en particulier son riche héritage et ses connexions familiales, sont tissées dans le tissu de sa musique. Les relations avec des membres de sa famille ayant succombé aux défis de la vie l'incitent à exprimer des émotions complexes à travers sa guitare. Ces leçons de vie émergent souvent dans sa musique, donnant de la profondeur à ses compositions et aux histoires qu'elles racontent. Stochelo promeut activement le gypsy jazz à travers la Rosenberg Academy, où il éduque des musiciens aspirants. Son engagement philanthropique est en harmonie avec sa musique, provenant d'un désir de maintenir l'héritage du gypsy jazz pour les générations futures. Sensible au sentiment public, Stochelo navigue habilement à travers les défis, permettant à ces expériences d'enrichir encore son art.

Né en 1980 au sein d’une famille gitane, Rocky GRESSET égrène ses premiers accords de guitare à l’âge de neuf ans. À l’âge de douze/treize ans, Rocky découvre l’œuvre de DJANGO, c’est « la culture » de son milieu, celui des gitans, tel qu’il le dit aujourd’hui.
Mais, s’il aime et respecte profondément la musique de DJANGO, Rocky est rapidement attiré par d’autres guitaristes de jazz, sa racine : il devient ainsi fan de Wes MONTGOMERY, Georges BENSON ou encore de Pat METHENY ; c’est lui qu’il écoute sans doute le plus aujourd’hui. De plus, son écoute de la musique ne se limite pas à ses confrères d’instrument, Rocky éprouve également une profonde admiration pour l’œuvre du pianiste Bill EVANS. Par ailleurs, comme beaucoup de gitans, il est également un grand amateur de Frank SINATRA ainsi que du travail d’arrangements de formations élargies allant jusqu’au Big Band. Il faut aussi noter son grand intérêt pour les trios « orgue/guitare/batterie ».
Encore adolescent, Rocky croise de nombreux guitaristes dont Biréli LAGRÈNE et Christian ESCOUDÉ. Ce dernier le conseille et l’encourage particulièrement. Il effectue ses premières – et rares !- prestations officielles au milieu des années 2000, invité par Ninine GARCIA, rejoignant ensuite de plus en plus fréquemment à partir de cette date les ‘’sessions’’ et autres ‘’invitations’’ de confrères dans les clubs parisiens . Au-delà de la sphère « gipsy », dont il est devenu une figure recherchée, la liste des musiciens qu’il côtoie, est longue. Pour l’éclectisme, citons juste les frères BELMONDO ou encore Jean-Marc JAFET.
Si la guitare acoustique et la musique de DJANGO lui sont familières depuis son enfance, Rocky GRESSET possède un tel attachement et une telle culture de l’instrument électrique que sa capacité d’adaptation et d’expression lui autorisent une grande diversité d’expériences.
Après diverses sollicitations, il décide enfin de rejoindre le monde professionnel de la musique et du jazz en répondant favorablement à la proposition d’enregistrement du label Dreyfus Jazz. Ce premier disque réserve la part belle à ses racines, avec une majorité de morceaux joués sur un instrument acoustique. La participation du violoniste Costel NITESCU appuie cet hommage à DJANGO et à la tradition « gipsy », générée par son œuvre commune avec Stéphane GRAPPELLI au sein du Quintet du Hot Club de France. Mais chez un artiste de la trempe de Rocky GRESSET, de la tradition ne peut naître que l’émancipation ! Aussi, son approche « guitaristique » recèle-t-elle déjà dans ce premier opus toute la maîtrise et l’élégance d’un phrasé et d’un toucher témoignant déjà d’une forte personnalité.

Après des études classiques de piano, puis de violoncelle, William Brunard se tourne vers la guitare en accompagnant des artistes comme Tchavolo Schmitt. En 2009, il se met à travailler la contrebasse, qui va devenir son instrument de prédilection et lui ouvrira les portes des plus grandes scènes, aux côtés de musiciens comme Patrick Saussois, Christian Escoudé, Noé Reinhardt, Steeve Laffont, Gwen Cahue, Fanou Torracinta... Aujourd’hui, William Brunard s’impose comme « le contrebassiste des stars » de la guitare manouche, puisqu’il est devenu le partenaire régulier de trois de ses plus illustres représentants : Biréli Lagrène, Stochelo Rosenberg et Angelo Debarre. Il s’illustre également au violoncelle (Cello Project, Label Ouest, 2025).